1ère réunion ouverte de la Commission SURE

Le 8/12/2023 s’est tenue la 1ère réunion ouverte de la Commission SURE de Codyter (commission EAU localisée).

Intentions : Organiser en mode participatif un diagnostic et un suivi des cours d’eau du sous-bassin de la Sure et imaginer des actions à faire ensemble, utiles aux problématiques locales face au changement climatique.

Invité : Cédric Cadet, chef de projet GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations), Valence-Romans-Agglo

Réunion en 2 temps :

  • Observations personnelles autour de la carte de la Sure des habitants présents enrichies d’explications techniques du fonctionnement des rivières et de leur gestion par Cédric Cadet ;
  • Témoignage de Cédric sur des chantiers participatifs de barrages imitant le castor pour lutter contre l’incision de la Lierne.

Quelques observations autour de la carte de la Sure

Les observations partagées par les habitants présents ont évoqué notamment : moins d’eau et une rivière qui s’enfonce de plus en plus, les fortes crues de cette fin d’année 2023, la biodiversité (faune surtout), la qualité de l’eau (les pollutions observées à l’oeil nu) et la diminution de l’implication des habitants pour l’entretien des berges.

Vous pourrez demander le compte-rendu complet ici. N’hésitez pas à donner vos propres observations en commentaires de cet article.

Nous avons préféré partager dans cet article les éléments techniques précisés par Cédric Cadet pouvant vraiment servir « l’intérêt général » et la prévision d’actions locales pertinentes.

Confirmation d’un effet d’incision de la rivière Sure qui peut être problématique

Quelles causes possibles à un effet d’incision ?

Une rivière c’est de l’eau mais aussi des matériaux.

3 causes possibles à cette action d’enfoncement :

  • extraction massive de matériaux en aval : si on a massivement pris des matériaux en aval et creusé une fosse où tous les matériaux chargés par la rivière viennent s’y mettre (ça a été le cas dans la Sure et la Drôme) ;
  • boisement des versants : l’eau, moins alimentée par les matériaux qui descendent moins des versants, creuse (va en chercher) ;
  • le phénomène d’incision s’entretient et empêche le divaguement de la rivière. 

En quoi l’incision est-elle un problème ?

Une rivière est toujours en train d’essayer d’arracher, de déposer, de réarracher et redéposer. Elle cherche à s’alimenter de matériaux qui vont lui permettre de garder un lit fonctionnel.

Une fois l’incision marquée, l’incision s’entretient et la rivière ne cherche plus à gratter sur les côtés mais en profondeur uniquement jusqu’à ce qu’elle arrive au substratum, une dalle sans matelas alluvial (gravier qui permet la vie de la rivière) = un fond mort en quelque sorte. L’incision est stoppée mais la rivière fortement dégradée.

Comment éviter / ralentir l’incision ?

Avant on intervenait trop ;  on a essayé de figer les espaces d’expression des rivières les plus étroits possibles et ça a fait des dégâts. Aujourd’hui on ne protège plus (enrochement ou plus récemment « génie végétal ») que sur les zones à très fort enjeu humain.

Important d’identifier « l’espace de bon fonctionnement » d’une rivière

C’est l’espace qui va lui permettre de retrouver sa dynamique « morphologique » (quasi « naturelle »). On le définit en prenant en compte les 3 dimensions du cours d’eau :

  • l’espace hydraulique : l’enveloppe que prend la crue exceptionnelle du cours d’eau ;
  • l’espace morphologique : l’enveloppe la plus large de la reprise de tous les tracés identifiés sur des photos et cartes anciennes cumulés ;
  • l’espace biologique / écologique : prendre en compte aussi les zones humides et zones annexes connectées au cours d’eau (ou qui pourraient l’être).

On cumule ses 3 espaces pour en faire l’espace optimum et on en sort les zones d’habitation (ou d’activités humaines sensibles) pour définir « l’espace de bon fonctionnement » du cours d’eau.

Tous les gestionnaires des cours d’eau y travaillent actuellement. Il est question que cette notion « de bon espace de fonctionnement » entre dans les définitions de PLU.

Précision sur la notion de propriété d’une rivière : Personne n’est propriétaire de la rivière mais le propriétaire d’une parcelle bordant la rivière est propriétaire de la moitié du lit (fond) de la rivière de son côté.

Changement climatique et récente prise en compte dans la gestion des rivières

Confirmation par Cédric d’effets du changement climatique avec des épisodes pluvieux plus violents et plus rapides ; davantage de sécheresses et d’inondations à la fois un peu partout en France. Les sécheresses de 2022 et 2023 notamment on fait changer les mentalités.

On cherchait à tout drainer dans nos activités (villes et activités agricoles), envoyer l’eau en aval le plus vite possible jusque dans les années 80 pour « se débarrasser du problème ».

On a eu ensuite une période où on a cherché à tout prix à stopper l’érosion (avec génie végétal notamment) mais on s’est rendu compte que tous les ouvrages mécaniques n’y suffiraient pas.

On laisse désormais évoluer la rivière (sauf pont ou habitation) ; on l’accompagne pour qu’elle retrouve son processus naturel de régénération.

On avait également tendance à enlever tout le bois mort jusqu’en 2000. Aujourd’hui on n’enlève que les très gros troncs car plus il y a de bois plus la rivière est résiliante face aux sécheresses et inondations.

On cherche à garder un peu plus d’eau sur nos territoires en agissant sur les cours d’eau (ralentir leur débit) mais aussi sur les paysages (hydrologie régénérative avec l’optimisation du captage de l’eau avec des courbes de niveau notamment).

Témoignage de Cédric sur des chantiers participatifs de barrages imitants le castor sur la Lierne

à partir de cette vidéo (et d’une vidéo personnelle de Cédric du 06/12/2023).

Contexte et résultats :

La Lierne s’enfonce (par endroits « bétonnée ») et les terrasses boisées étaient déconnectées de la rivière. En l’absence de castors, idée de prendre le relais avec des ouvrages imitant le castor sur 400 m de rivière avec 3 modules.

Chronologiquement :

  • 1er module : 1er barrage principal avec un autre plus petit (secondaire) pour éviter le creusement
  • 2ème module : 2ème barrage secondaire.

Les 2 premiers modules (au printemps 2023) ont permis de réhydrater une belle surface et de rattraper 2 mètres d’incision.

L’eau percole. Les barrages (bouts de bois placés comme le fait le castor, dans le sens de l’eau) forment une sorte de système d’écluses et on remonte des terrasses. Les zones humides sont reconnectées. Ca fait une sorte d’éponge (énorme hydro-système) qui alimente surtout les nappes dans un 1er temps, recule la période d’étiage critique en relarguant l’eau plus tard et hydratera les terres agricoles ensuite.

  • 3ème module (septembre 2023) : Environ 1 mètre de plus (de large) en ce moment dans la rivière. Ca a atténué le pic de crue.
  • Les 3 modules ont résisté aux crues mais n’ont pas vocation à être permanents. Ca ne coûte pas cher (voire rien) et ca aura au moins réactivé des processus naturels de la rivière qui va certainement recréer d’autres bras secondaires. Plus on fait de barrages et plus c’est solide et peut-être que le castor viendra s’installer…

Compliqué de monter des « barrages imitant le castor » ?

Valence-Romans Agglo a tout défriché au niveau réglementaire pour monter ce projet de site-pilote.  Propriétaires ont été convaincus ; Services de l’Etat rencontrés également (DDT : police de l’eau, volet réglementaire en lien avec la loi sur l’eau). Objectifs de stopper incision et effets positifs attendus sur réhydratation terres agricoles, atténuation du pic de crue en aval (Chabeuil est à 4 km), recréer biodiversité, … ont été compris et l’OFB chargé de développer un protocole de suivi avec l’Agglo.

Il est désormais possible de monter des projets alliant ralentissement dynamique de la rivière et hydrologie régénérative qui devraient rencontrer la volonté de financeurs publics. Les demandes de visites des chantiers sur la Lierne sont énormes !

Les chantiers « barrages imitant le castor » sont des chantiers participatifs « faciles » (au maximum une tronçonneuse) et réversibles.

Rappelons également qu’un « ouvrage » à castor n’est pas un barrage en fait car il n’est pas souvent fait sur toute la largeur de la rivière, reste imbibé d’eau et laisse les poissons circuler. Baptiste Morizot et Suzanne Husky se sont rendu compte que les rivières à castors étaient plus résiliantes face aux sécheresses, inondations et même méga-feux tout en étant plus poissonneuses.

L’OFB demande un protocole de suivi piscicole de la rivière, morphologique du fond de la rivière et un suivi de la nappe avec piezzomètre. On cherche surtout à mesurer le ralentissement de l’eau, son infiltration.

Faire des barrages imitant le castor sur la Sure ?

Intéressant de voir où l’incision va « trop » vite et où le lit se simplifie mais aussi où une dérivation peut être intéressante.

On a déjà des castors, des « super-castors » même car le courant est très fort ! Ils recommencent sans cesse leurs ouvrages ! On peut observer comment les barrages résistent, l’effet sur les surfaces qui ont été inondées après la rupture des barrages, … et aider à ce que leurs ouvrages résistent mieux si on veut que ces surfaces soient inondées et puissent hydrater des parcelles (on peut remonter le niveau de l’eau de 2 mètres). Ca peut être très intéressant d’aller voir sur les affluents pour diminuer le débit de la Sure.

C’est bien le projet de Codyter de regarder à l’échelle du bassin versant de la Sure, d’utiliser ce que font les castors, de les aider (pourquoi pas des « ouvrages imitant le castor » sur les affluents ou à certains endroits de la Sure) à ralentir le débit de la Sure et de réhydrater le plus possible les terres agricoles autour.

On peut créer des « zones humides » et travailler le design des parcelles agricoles avec des baissières, travailler avec des courbes de niveau pour intercepter au maximum les eaux de ruissellement et les réinfiltrer. Julien assure que l’hydrologie régénérative peut même réactiver de sources. Le Keyline Design fonctionne réellement sur des zones arides un peu partout dans le monde maintenant et recréé, avec la réapparition de l’eau, des boucles vertueuses pour la biodiversité. Ce qui initie une dynamique positive pour l’agriculture également (Cédric confirme l’effet inondation positive pour les prairies de la ferme de Montélier en polyculture-élevage).

ACTIONS (suite à des propositions des habitants dès janvier 2023 et suite à cette réunion)

  • Observer la Sure et ses affluents, référencer et observer également les cours d’eau temporaires (Thibault Datry, INRAE Lyon le dit : dès qu’il pleut la pollution passe par là !) :
  • Faire des photos (2 à 4 fois dans l’année) de mêmes endroits (ou photos géolocalisées et datées) et les partager avec un petit commentaire (événement particulier, débit, couleur, impression,…) à contact@codyter.org ou demander à participer au groupe WhatsApp.
  • Faire des sorties, visites, observations à des moments « critiques » grandes crues, sécheresses, … et pouvoir sensibiliser sur des chantiers participatifs
  • Repérer des endroits sur les affluents de la Sure et la Sure où l’on pourrait créer des « ouvrages imitant le castor » :
    • Repérer des endroits où l’incision n’est pas encore trop forte : une zone inondable intéressante, au mieux proche de champs ou prairies (certains affluents sont déjà très incisés !) qu’il est intéressant de réhydrater.
    • Faire des photos par drone (Marta propose d’en faire, Jean-Paul Villegas peut continuer d’en faire)
    • Impliquer et obtenir l’autorisation des propriétaires
    • Cédric pourra revenir pour les « pré-valider »
    • Impliquer le SMRD pour aider au repérage (et en tout cas à la validation) des endroits et actions (visite d’Olivier Bielakof prévue le 16/12 mais finalement reportée en janvier 2024).
  • Monter un dossier avec des partenaires (SMRD, Agence de l’eau ou acteurs « locaux »  pour avoir des financements pour pouvoir animer cette démarche participative ?

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